photo Andréa Ruffini

Héritée de la tradition du Rara, qualifiée par l’UNESCO de « première tradition native d’Haïti », la bande à pied est proprement une fanfare ou marching band. A des époques précises de l’année, notamment pour Carnaval, les musiciens se réunissent dans leur quartier général, rapidement rejoints par voisins et sympathisants. Ils s’élancent alors tous ensemble à travers les rues, dans un défilé qui grossit au fur et à mesure de leur parcours. Hommes, femmes et enfants de tous âges les suivent, attirés par le son distinctif des tubes de bambou dits vaksin, des cornets de fer blanc, du tambour et de la caisse claire, augmentés de multiples percussions mineures comme autant d’épices: racloirs, cymbales et autres hochets. Ils marchent en dansant jusqu’aux petites heures du matin, en entonnant des chants tirés du répertoire traditionnel ou des refrains à la mode, inspirés de l’actualité socio-politique, ou encore des frasques d’un personnage public.

Créée en février 2021, la bande à pied Follow Jah évolue à Pétion-ville, périphérie de Port-au-Prince, à l’occasion du Carnaval et autre fêtes traditionnelles et communautaires. Depuis 2010, elle a commencé à diversifier ses activités en multipliant les expériences, encadrée par l’association Caracoli. Elle a participé au programme déduction par les arts de l’UNICEF dans les camps de déplacés après le tremblement de terre de 2010. Elle a monté un répertoire spécifique pour la scène, porté par six musiciens, qui lui permet désormais de fonctionner avec plusieurs formats: 6, 10, 15 ou groupe entier de 18 musiciens, chanteurs et danseuses. Depuis 2012, Follow Jah anime aussi les soirées du Festival International de Jazz de Port-au-Prince. A cette occasion, en 2014, elle a présenté une création avec le saxophoniste de jazz américain Paul Austerlitz. Elle a également collaboré avec le DJ malien Mo DJ. En 2014, elle a élaboré un atelier pédagogique autour de la musique du Rara, spécialement conçu pour le jeune public, qu’elle a présenté dans plusieurs écoles de musique en Haïti, en collaboration avec l’école de musique Sainte Trinité. En 2015, elle a conçu un spectacle pour la scène dans le cadre de la première édition des Rencontres des Musiques du Monde à Port-au-Prince. En 2012, elle a réalisé son premier voyage en France à l’occasion du Festival Africolor de Paris. En 2016 et 2018, elle a tourné en Belgique, France, Pays-Bas et Suisse avec l’agence l’Afrique dans les Oreilles (Wax Booking). Elle a également joué au Festival Ilôjazz de Guadeloupe, en 2016, et à Santiago à Mil, au Chili, en 2020.

La bande à pied comporte un ensemble de 18 musiciens répartis de la sorte: 1 chanteur, 2 bambous, 6 cornets, 1 tambour, 1 caisse claire, 1 tom, 1 racloir métallique, 1 kwachi (hochet), 1 cymbale, 3 danseuses. Dans les versions réduites, qui peuvent servir pour la scène et les animations, les musiciens jouent de plusieurs instruments à la fois.