Le CD « Konpa Lakay » des troubadours Boulpik, produit par Lusafrica, sortira le 12 mai prochain.
Fondé à Port-au-Prince depuis une dizaine d’années, le groupe Boulpik perpétue la tradition quasiment révolue des musiciens de rue, animateurs des places publiques et des fêtes privées. Il interprète principalement du konpa, musique de danse apparue dans les années 50, auxquels son instrumentation acoustique donne un aspect artisanal, un son « maison » qui est aussi le son du pays : c’est le KONPA LAKAY.
En effet, en dépit d’une influence notable du son cubain, rapporté par les coupeurs de canne haïtiens qui, au début du XXème siècle, travaillaient sans relâche d’une île à l’autre, les troubadours incarnent quelque chose propre à l’identité haïtienne, un cocktail rustique des plaisirs simples du quotidien, associé à une tendresse teintée de nostalgie envers une patrie maltraitée à plus d’un titre. Boulpik, dont le nom évoque la précision avec laquelle une bille atteint sa cible, vise ici juste, que ce soit dans le souvenir de la province de Jérémie, auxquels nos six musiciens adressent une déclaration d’amour, ou dans la reprise du groupe Tabou Combo, Lakay, où le chanteur Shoubou, établi à New York, raconte avec émotion son premier retour au pays.
Pour élaborer ce son « pays » Boulpik fait le choix d’associer deux banjos, préférés à la guitare pour leur puissance sonore, la manouba (marimbula), caisse de bois munie de lamelles métalliques qui fait office de basse, et des percussions, tambour et kaskayèt (claves). La voix souple et toujours alerte du chanteur principal mène le tout avec une aisance quasi féline, passant sans effort du groove de Nèg Dafrik à la mélancolie de Si lavi te fasil. Autant d’ingrédients simples pour une recette à l’efficacité éprouvée.
Mais la richesse du répertoire de Boulpik témoigne aussi d’une époque plus heureuse où chacun de ces orchestres amateurs offrait ses propres compositions en plus d’une multitude de titres en partage. Elle rappelle également les années fastes du tourisme haïtien, illustrées ici par la balade canadienne, Je Reviens Chez Nous, curieusement tropicalisée pour mieux séduire les visiteurs venus du Nord.
Les temps ont changé, les touristes se font rares, mais Boulpik continue de chanter l’amour et l’attachement au pays, les difficultés du quotidien et la tentation de l’exil, la persévérance du musicien dans un milieu défavorable et l’espoir irraisonné d’un meilleur avenir.
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