Rara haïtiens et Gagá dominicains se sont rencontrés du 4 au 7 juin en République Dominicaine dans le cadre du projet « Dialogue Culturel Binational », qui vise à renforcer la collaboration binationale dans le domaine de la culture et de la communication.
Lundi 6 juin 2022, c’est une véritable fête qui a clôturé cette rencontre de 48 heures. La petite cour du Portal de la Cultura, dans la zone coloniale de Santo Domingo, était bondée et l’ambiance très festive entre le Gagá La 30 de San Pedro de Macoris et le rara Follow Jah de Pétion-ville. Entendre les musiciens dominicains entonner les chants créoles, et les tambours et vaccines des deux pays ne former qu’un seul rythme, traduisait avec brio le succès de ce dialogue binational, entamé la veille entre les formations des deux pays. Plus tôt, dans l’après-midi, rara et gagá avaient conjugué leurs savoirs au cours d’un atelier dans ce même lieu.
Un séminaire, au Musée d’Art Moderne, avait réuni le matin même, les représentants des rara et gagá, chercheurs et étudiants autour d’un panel constitué de Dagoberto Tejeda, Carlos Andujar, Roldán Mármol (République dominicaine), Jean-Mozart Féron, Jean Sergo Louis (Haïti). C’était l’occasion de revenir sur l’histoire et le présent de ces bandes si particulières à l’île.
Présent dans l’ensemble du territoire haïtien, le Rara adopte des formes variées qui lui valent d’être inscrit, depuis 2019, sur le Registre du Patrimoine Culturel Immatériel Haïtien du Ministère de la Culture, en tant que « Rara et ses différentes manifestations territoriales ». Aux côtés des formes les plus traditionnelles qui perdurent dans les campagnes haïtiennes, on trouve désormais une multiplicité de pratiques qui varient en fonction du contexte, de l’instrumentation, de la période de sortie ou encore des parts du festif et du religieux.
En République dominicaine, arrivé au début du XXème siècle avec les ouvriers agricoles haïtiens de la canne à sucre, le Rara a évolué de manière autonome pour devenir une manifestation culturelle à part entière de la culture populaire dominicaine dénommée Gagá. Cette expression culturelle désormais commune aux deux pays permet de mettre en évidence leur histoire partagée, l’attachement des populations à leurs traditions et la lutte pour la reconnaissance de leurs droits culturels.
Dimanche 5 juin, la délégation haïtienne arrivée à San Pedro de Macoris, à l’Est de Santo Domingo était accueillie par les organisateurs dominicains, les fondations Cofradía et Funtepod, autour du Gagá La 30.
C’est en réponse à l’appel à propositions « Échanges entre citoyens dans les domaines de l’éducation, de la culture et du sport », lancé par l’Union européenne dans le cadre du programme de coopération binationale, que deux entités haïtiennes, la Fondation Haïti Jazz et l’Association Caracoli, ont proposé le projet « Dialogue Culturel Binational / Diálogo Cultural Binacional », et inclus cette expression culturelle commune aux deux pays qui met en évidence leur histoire partagée.
Fin juillet, ce sera au tour d’Haïti d’accueillir ces rencontres. Une opportunité unique pour les musiciens, les chercheurs et les étudiants d’échanger sur cette tradition populaire commune aux deux pays de l’île.
Photos Pierre Michel Jean
Vidéo Piso Tres Creativa